Lorsque François 1er finissait de construire le Château de Villers-Cotterêts, son capitaine des chasses, Jacques de Longueval, faisait ériger ce petit manoir sur l’emplacement d’un fief dépendant des Comtes de Crépy déjà dénommé La Muette.
Ce nom de La Muette est un lien avec la chasse. Il peut signifier « la meute » ou le lieu où l’on conservait les mues du grand gibier.
Ce manoir passe par les femmes des Longueval à la famille des Marquis de Condren qui en seront propriétaires pendant deux siècles. Au XVIIIe siècle, une marquise de Condren endetta sa famille pour agrandir le manoir en vue d’en faire un château. Par manque de moyens, cette extension fut mal construite et ruina définitivement la famille. Son fils dut se résoudre à vendre La Muette en 1793 à Jacques Conseil. Celui-ci, fort riche, était Curé de Largny, maire en 1814 et oncle d’Alexandre Dumas.
« … lorsque mourut un de mes cousins… qui se nommait l’Abbé Conseil.
L’Abbé Conseil avait été gouverneur des pages, l’Abbé Conseil avait eu, sous Louis XV et sous Louis XVI toutes sortes de bénéfices ; si bien que l’Abbé Conseil était riche.
Il possédait à Largny, village situé à une lieue de Villers-Cotterêts, une charmante maison, un jardin des plus pittoresques au fond d’une vallée ; mais je n’ai point parlé de tout cela, attendu le peu d’hospitalité du cousin Conseil.
… J’allais faire deux visites par an au cousin Conseil, l’une le 1er janvier, l’autre le jour de sa fête ; il m’embrassait sur une joue, me donnait une claque sur l’autre. Là se bornaient ses libéralités.
Une fois, il me donna un petit écu. Nous n’en revenions pas, ma mère et moi ».
Alexandre Dumas – Mes Mémoires – Tome 1 – Chapitre XXV.
Sa nièce, Madame de Ryan, hérita de La Muette qu’elle vendit en plusieurs lots. La construction du XVIIIe fut démolie et les locaux subsistants furent divisés et affectés à un usage agricole. A la fin du XIXe siècle, la propriété fut rachetée par la famille Mongin qui la réunifia en grande partie.
Monsieur et Madame André Moreau-Néret en firent l’acquisition en 1951 et cette propriété appartient aujourd’hui à leurs petits-enfants, Nicolas et Laurence Vivant.